CNU : Délinquance: un collectif prêt à « résister » si le projet Sarkozy devient loi

PARIS, 20 nov 2006 (AFP) – Un Collectif national unitaire de résistance à la délation (CNU), composé de syndicats et d’associations, a exigé
lundi le retrait du projet Sarkozy sur la délinquance, se disant prêt à « entrer en résistance » contre ce texte « liberticide », examiné par les députés à partir de mardi.

« A l’heure où l’Assemblée nationale va entamer l’examen de ce projet nous réaffirmons notre exigence de retrait de ce texte qui menace la prévention, le droit du travail, l’éducation, le soin et les libertés individuelles », ont affirmé des porte-paroles du CNU lors d’une conférence de presse organisée deux jours après les manifestations qui ont réuni selon les associations participantes « plus de 15.000 personnes » à Paris et dans une vingtaine de villes. Pour Françoise Dumont, vice-présidente de la Ligue des Droits de l’Homme et l’une des porte-paroles du collectif comprenant notamment la CGT, la FSU, SUD, Solidaires ou le Syndicat de la magistrature (SM), ce projet s’inscrit dans « une multiplication des lois sécuritaires et liberticides depuis 2002 ».

« L’Etat pénal se renforce au même rythme que l’Etat social se délite, on désigne des boucs-émissaires: mendiants, SDF, prostituées, immigrés, Roms, gens du voyage, jeunes, familles considérées comme défaillantes et laxistes ».

Le collectif reproche notamment à ce projet « de vouloir renforcer les pouvoirs du maire et mettre en place le contrôle et le fichage des personnes présentant des difficultés sociales, éducatives et financières, criminaliser la psychiatrie, durcir la justice des mineurs (…), faire de l’école l’élément central du maillage de la population » et « d’inciter à la délation ».
Au nom d’un « objectif obsessionnel de lutte contre l’insécurité », cette
> nouvelle loi Sarkozy « vise des catégories sociales volontairement discriminées » et cache un véritable « projet de société, une société de surveillance, de culpabilisation, de délation », affirme Mme Dumont.

« C’est la loi de la jungle, chacun est responsable de son malheur social
> et doit le payer au nom d’une vision ultralibérale, comme un actionnaire
> serait responsable de ses pertes en bourse ». Hélène Franco, vice-présidente du SM souligne les propositions d’amendements de son organisation sur la criminalité économique et financière n’ont jamais été reprises. « Les délits en col blanc échappent totalement à la frénésie répressive » du gouvernement, insiste-t-elle. « Ceux qui doivent être réprimés, sanctionnés sont toujours les mêmes, les populations les plus défavorisées dans le cadre d’un choix de société autoritariste et inégalitaire ».

Avec ce texte, « il n’y a plus de mineurs en danger, il n’y a plus que des mineurs dangereux », résume Danièle Atlan de la FSU. Pour Fabienne Binot, de Solidaires, ce projet « signe l’arrêt de mort du travail social basé sur le respect de la personne et le secret professionnel ». « Les travailleurs sociaux qui refusent de collaborer avec la police ou les autorités locales sont déjà sanctionnés, y compris devant un tribunal administratif pour faute professionnelle. Ils peuvent être révoqués ou licenciés », souligne-t-elle. « Si la loi est votée, nous sommes prêts à entrer en résistance collectivement ».

Le collectif souhaite étendre son mouvement de « résistance » au delà des organisations professionnelles estimant que « tout citoyen est concerné ».