Le Quotidien du Médecin du 7 juin 2007 : Roselyne Bachelot en visite à Metz – Cap sur la restructuration de l’hôpital

La ministre de la Santé poursuit sa « tournée » des hôpitaux. Après avoir accompagné Nicolas Sarkozy à Dunkerque, Roselyne Bachelot a visité à Metz plusieurs établissements de soins, le temps de préciser aussi les grandes lignes de la politique qu’elle entend mener en la matière.

DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE

BAPTÊME DU FEU HOSPITALIER pour la ministre de la Santé. Quinze jours après avoir accompagné le président de la République à Dunkerque, Roselyne Bachelot s’est rendue à Metz où elle a visité au pas de charge une structure d’hospitalisation à domicile (HAD), une clinique privée et le centre hospitalier régional de Metz-Thionville.

Un galop d’essai pour la ministre que l’on sent encore en phase d’apprentissage. Dans les couloirs, dans les bureaux d’accueil, au chevet des malades, Roselyne Bachelot écoute, prend le pouls, n’hésite pas à poser des questions très techniques. «Quel type de produits utilisez-vous ?», demande-t-elle à l’infirmière qui lui explique le pourquoi du comment de la désinfection des endoscopes. Souriante, alerte, la ministre se réjouit «de voir un bébé» à la maternité du CHR. Mais ce déplacement à Metz est aussi l’occasion pour Roselyne Bachelot de donner une première coloration à son action politique. Et là, la ministre frappe fort en mettant en avant les «restructurations et (les) recompositions hospitalières». Il va y avoir du mouvement, a-t-elle laissé entendre, en annonçant que la grande consultation sur les missions de l’hôpital promises par Nicolas Sarkozy devait «conduire à un réexamen de l’implantation des activités de soins au sein des établissements de santé». La ministre a mis les points sur les i : «Certaines pratiques, comme la chirurgie ou plus généralement les activités interventionnelles, ont fortement évolué. Elles requièrent un matériel coûteux et des équipes pluridisciplinaires; elles doivent être regroupées pour en garantir l’excellence et la sécurité.

D’autres activités, comme la médecine, les soins de suite, la gériatrie, les soins non programmés… doivent au contraire être assurés au plus près de nos concitoyens dans un souci constant de proximité.» Le discours n’est pas totalement nouveau. Mais il est plutôt musclé : «Dans les domaines de la chirurgie ou de l’obstétrique, il n’est plus possible de diluer les moyens, surtout quand la ressource première, les médecins, se raréfie.»

« Langage de vérité ». Roselyne Bachelot n’hésite pas à parler de seuil d’activité : «De plus, chacun le sait, dit-elle, la qualité d’un acte dépend de l’entraînement à sa pratique. Le maintien des compétences des praticiens exige un seuil d’activité minimal.»

Dans le même temps, elle se veut rassurante quant aux perspectives que supposent ces restructurations pour l’emploi à l’hôpital. «La transformation d’un établissement, c’est un renouveau, pas un abandon (…) ces opérations ne doivent pas supprimer des emplois mais bien plutôt permettre d’en créer dans des domaines différents et plus adaptés aux besoins et aux attentes de la population.»

Il n’y aura pas de temps mort pour la politique hospitalière. Roselyne Bachelot a en effet indiqué que la circulaire d’application du plan Hôpital 2012 allait être publiée dans les prochains jours. Au-delà, elle s’est engagée à tenir «à tous les partenaires de l’hôpital un langage de vérité», en particulier pour mener à bien les projets restructurateurs qui devront jouer, souhaite-t-elle, la carte de «la rationalité» plutôt que celle du «rationnement».

KARINE PIGANEAU