Dépêche APM du 12 septembre 2007 : La moitié des médecins et pharmaciens salariés insatisfaits de leurs conditions de travail

PARIS, 12 septembre 2007 (APM) – La moitié des médecins seraient insatisfaits de leurs conditions physiques de travail et de leurs possibilités de donner aux patients les soins dont ils ont besoin, selon les premiers résultats de l’enquête Sesmat (santé et satisfaction des médecins au travail).

Cette enquête a été lancée fin mars et devrait se prolonger jusqu’au 31 décembre pour comprendre les déterminants de la santé et de la satisfaction ou de l’insatisfaction professionnelle (cf dépêche APM SNKCT003). Les premiers résultats ont été obtenus en analysant les données d’un échantillon de 1.000 des 2.000 médecins et pharmaciens des secteurs public et privé ayant répondu.

L’enquête montre que 51% des professionnels sont insatisfaits de leurs conditions physiques de travail, 46,5% de la manière dont leurs compétences sont utilisées, 45,5% de leurs possibilités de donner aux patients les soins dont ils ont besoin et 43,9% de leurs perspectives professionnelles.

Il ressort aussi de cette première analyse que 65,2% juge « insatisfaisant » le soutien psychologique reçu au travail.

La majorité des praticiens (58,6%) déclarent être souvent ou toujours préoccupés par la crainte de faire des erreurs et 24,1% rapportent n’avoir presque jamais ou rarement assez de temps pour parler aux patients.

Par ailleurs, un quart des professionnels de l’échantillon (28,8%) déclarent avoir été l’objet de violence des patients ou de leur famille au moins une fois par mois durant la dernière année.

Ils sont respectivement 42,5% et 30,5% à qualifier d' »hostiles ou tendues » les relations avec l’administration et celles avec le cadre infirmier supérieur ou la direction des soins.

L’enquête a également mesuré l’épuisement professionnel (« burnout ») des médecins et des pharmaciens. Un score élevé a été observé chez 13,5% d’entre eux et un score moyen chez 50,8% de l’échantillon.

Enfin, 14,3% des répondants ont fait part de leur intention fréquente (au moins chaque mois) d’abandonner la profession: 8,2% y pensent quelques fois par mois, 3,6% quelques fois par semaine et 2,5 % chaque jour.

L’enquête Sesmat s’inscrit dans le prolongement de l’enquête Presst-next (Promouvoir en Europe santé et satisfaction des soignants au travail – Nurses’ early exit study) qui a analysé les réponses de 39.898 soignants paramédicaux d’établissements publics et privés en Europe, dont 5.376 en France, rappelle-t-on.

Dans cette enquête sur les paramédicaux, une intention fréquente d’abandonner la profession avait été observée chez 15,4% des soignants français.

Le comité de pilotage de l’enquête Sesmat souligne dans un document de synthèse qu’il reste à affiner les premiers résultats de l’enquête avec un échantillon plus large permettant de préciser les facteurs de risques et les conditions liées « à une meilleure satisfaction professionnelle, à un meilleur état de santé et à une moindre intention d’abandonner l’exercice ».

Il prévoit notamment de distinguer la position et les responsabilités exercées dans l’institution, le type d’institution, la spécialité, l’âge, l’ancienneté, le sexe, la situation maritale et les états de santé.

Afin de compléter son échantillon, le comité de pilotage poursuit la diffusion du questionnaire. La Fédération hospitalière de France (FHF) ainsi que plusieurs syndicats et sociétés savantes se sont déjà associés à la démarche. L’enquête devrait être portée à l’ordre du jour de la réunion jeudi du bureau des conférences hospitalières et des doyens.

(Les premiers résultats de l’enquête Sesmat sont disponibles sur le
site www.presst-next.fr/SESMAT/)