Annuaire Sécu du 20 janvier 2011 : Le gouvernement britannique lance une réforme fondamentale du NHS

20/01/11 – Le Premier ministre anglais David Cameron a présenté le 19 janvier un ambitieux projet de réforme du système de santé britannique, indispensable selon lui, pour éviter une grave crise d’ici à deux ou trois ans. Un programme qui fait polémique. Le gouvernement veut accorder un rôle plus important aux médecins de famille qui vont prendre le contrôle de 80 % du budget du National Health Service (NHS), le système public de santé britannique, et autoriser les sociétés privées à concourir pour des contrats au sein du NHS. Ce qui serait un tournant décisif dans la politique de santé menée depuis la mise en place du NHS. L’objectif est d’économiser 20 milliards de livres en quatre ans. L’argent économisé en réformant le système devrait être intégralement réinvesti pour améliorer la qualité des soins et compenser le coût croissant des frais de santé. Les autorités stratégiques de santé et les 150 organes administratifs locaux, qui sont actuellement responsables de l’allocation de ressources (hôpitaux, achat de médicaments, etc.), vont ainsi être remplacés par des groupements de médecins (general practitioners). Ce que dénoncent les syndicats médicaux, estimant que les médecins ne sont pas des gestionnaires et qu’ils vont devoir sous-traiter ces services (une privatisation masquée). Si le système n’est pas réformé, a affirmé David Cameron, « nous serons confrontés à une crise vraiment grave rapidement ». « Je ne pense pas que rester à ne rien faire et injecter beaucoup d’argent dans le NHS soit une option », a-t-il encore dit. La réforme ne concerne que l’Angleterre, l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord étant autonomes pour la gestion de leur système de santé.

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/01/19/04016-20110119ARTFIG00715-reforme-tres-liberale-de-la-sante-au-royaume-uni.php


Réforme très libérale de la santé au Royaume-Uni

20/01/2011 | Mise à jour : 10:36

Le plan de Cameron va faire disparaître deux échelons hiérarchiques dans l’administration.

Les hôpitaux publics seront mis en concurrence directe avec le secteur privé. Le budget de la santé sera décentralisé et confié aux médecins de famille. Objectif: économiser 20 milliards de livres.

Le gouvernement de coalition mené par David Cameron a lancé hier rien de moins que la plus importante réforme du système britannique de santé public depuis sa création en 1948. Le plan va donner plus de pouvoirs aux médecins généralistes et va mettre en concurrence des structures privées et publiques, ce qui est dénoncé par l’opposition travailliste comme une tentative détournée de «privatiser» le Service national de santé (NHS, National Health Service).

Bien que le secteur de la santé soit la seule branche de l’État épargnée par les 81 milliards de livres (96 milliards d’euros) de coupes budgétaires, la coalition des conservateurs et des libéraux-démocrates s’est donné comme objectif de faire 4% d’économies sur le budget de la santé, soit un total de 20 milliards de livres en quatre ans. L’argent économisé en réformant le système devrait être intégralement réinvesti pour améliorer la qualité des soins et compenser le coût croissant des frais de santé.

David Cameron a rappelé le week-end dernier que la Grande-Bretagne était encore en dessous de la moyenne européenne dans bien des domaines, par exemple pour le taux de survie à différents types de cancer.

La réforme, qui ne concerne que l’Angleterre (l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord sont autonomes pour la gestion de leur système de santé), a été présentée hier au Parlement par le ministre conservateur de la Santé, Andrew Lansley. Alors que Tony Blair et Gordon Brown avaient tenté d’améliorer la qualité du système en investissant des milliards de livres et en recrutant plus de 400.000 nouveaux fonctionnaires pour le NHS en dix ans, le plan de Cameron va faire disparaître deux échelons hiérarchiques dans l’administration et devrait se traduire par d’importantes réductions d’effectifs.

Quête du meilleur prix

À l’heure actuelle, les hôpitaux publics anglais sont contrôlés par une chaîne hiérarchique qui va des échelons régionaux jusqu’au ministère de la Santé tout en haut. Dès 2013, le nouveau système retirera le contrôle au ministre de la Santé pour donner le pouvoir aux médecins généralistes, les GP (general practitioners). Ces médecins de famille, réunis en groupements régionaux, auront la responsabilité de gérer jusqu’à 80 milliards de livres sur un budget total de plus de 100 milliards de livres. En fonction de leurs besoins et de leurs objectifs, ils définiront des objectifs de soins et pourront mettre en concurrence des hôpitaux publics et des structures privées pour fournir des services au meilleur prix. De nombreuses associations de patients et le syndicat des médecins, la British Medical Association, s’inquiètent des effets de la réforme sur les patients et craignent que ces réformes profondes et rapides «se concentrent plus sur les coûts que sur la qualité» des soins.

Par Cyrille Vanlerberghe

Correspondant à Londres, Le Figaro