Article de Nord Eclair du 16 mars 2011 : Psychiatrie : « On va faire fuir les patients »

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Un groupe de professionnels de la santé et de patients s’est réuni hier place de la République pour dénoncer le projet de réforme de la psychiatrie qu’il juge « sécuritaire » alors que les députés commençaient à examiner le texte à Paris.

« L’État a perdu la raison. » Pris au piège derrière un grillage métallique, Vladimir Nieddu n’y va pas par quatre chemins. Le responsable du syndicat Sud santé, aux côtés de psychiatres, infirmiers et patients, est vent debout contre la réforme de la psychiatrie. Un projet « sécuritaire » selon lui.

L’une des mesures phare du texte de réforme, dont l’examen débutait hier à l’Assemblée nationale, prévoit une admission en soins psychiatriques sans consentement du patient. Idem pour les soins ambulatoires sans hospitalisation. Les syndicats des secteurs hospitaliers, tout comme les syndicats de la magistrature, réclament le retrait pur et simple du texte. « Même si une personne est guérie, un préfet pourra maintenir une hospitalisation s’il juge qu’elle représente un danger », s’insurge le docteur Christine Lajugie, présidente de la Commission médicale d’établissement à l’EPSM Lille Métropole.

« On va faire fuir les patients qui ne se sentiront plus en sécurité dans les établissements de santé mentale », grogne Pierre Paresys, vice-président de l’union syndicale de la psychiatrie. Et d’ajouter : « L’activité va donc se réduire, ce sera une bonne raison pour confier la gestion au privé. » Présent dans la petite foule, un patient est venu soutenir les professionnels.

« Au lieu de nous parler, de nous convaincre, on va utiliser la force. On est capable de comprendre notre maladie », dit-il. Au micro, certains n’ont pas hésité à faire le parallèle avec le régime de la garde à vue… »

M.B.