Article de Décision Santé du 15/01/15 : Frédéric Valletoux (FHF) : « Nous sommes confrontés à un risque du scénario du pire »

Frédéric Valletoux (FHF) : « Nous sommes confrontés à un risque du scénario du pire »

Décision Santé. Vous inscrivez-vous dans le mouvement qui appelle au retrait du projet de loi de santé ?

Frédéric Valletoux. La Fédération hospitalière de France est peut-être la seule organisation dans le monde de la santé à manifester un soutien que l’on peut qualifier de critique à ce projet de loi. Pour autant nous exprimons une légitime insatisfaction. Il y a pour le moins un fossé entre les promesses de départ et le texte actuel, nourri pourtant à partir des multiples rapports rédigés entre 2012 et 2014. Nous attendions une grande loi fondatrice appelée de leurs vœux par de nombreux experts. Or, nous avons déchanté. Où sont les propositions audacieuses sur les déserts médicaux, l’attractivité des carrières à l’hôpital, les actes inutiles ou la question cruciale du financement ? La grande loi attendue a fait pschitt pour le moment. Mais nous ne perdons pas espoir. Des amendements lors de la discussion au Parlement apporteront peut-être un élan qui manque aujourd’hui cruellement.

D. S. Marisol Touraine a-t-elle eu raison de céder aux revendications des urgentistes à la fin de l’année ?

F. V. Nous sommes confrontés là à un risque du scénario du pire. Nous dénonçons en effet l’absence de réformes de fond. Et dans le même temps on demande à l’hôpital de réaliser des économies drastiques à hauteurs de cinq milliards d’euros tout en rajoutant des charges nouvelles. Il y a une équation à multiples inconnues. La facture de l’accord conclu entre le ministère et les urgentistes s’élève à 90 millions d’euros. Les services du ministère nous assurent que cela ne coûtera rien à l’hôpital. Mais nous confirmons notre évaluation. De plus, Marisol Touraine a ouvert la Boite de Pandore. Jusqu’à l’année dernière, le temps de travail des médecins était comptabilisé en demi-journées. D’autres revendications catégorielles sont déjà en préparation. Désormais pour les urgentistes, c’est le nombre d’heures effectuées qui s’impose. Les autres spécialités ne vont-elles pas revendiquer les mêmes avantages ? Enfin, nous n’avons pas été associés à la prise de décision. Alors que le ministère évoque à tout propos la nécessité d’une concertation, il y a là une vraie question de méthode.

D. S. la colère des cliniques était-elle justifiée ?

F.V. Je ne défends pas de vision dogmatique. Le paysage hospitalier français est construit autour d’une cohabitation et d’une saine émulation entre le secteur public, privé et non lucratif. Pour autant, des missions sont définies avec précision. Et ne relèvent pas d’une découpe aveugle selon les désirs de chacun.
En ce qui concerne le service public hospitalier, on ne peut pas exiger des avantages sans en avoir les contreparties. C’est pourtant ce qu’exigent les cliniques. Il y a là un paradoxe. Or elles ont obtenu satisfaction.

Information du 15.01.15 11:57