ASPI – Quatrièmes Assises de la psychiatrie médico-sociale : Les liaisons interinstitutionnelles ont elles un avenir ? 23 et 24 juin 2016

Cela fait des lustres que l’on parle du nécessaire décloisonnement entre les secteurs sanitaire et médico-social. Or il semble que ce rapprochement, tant souhaité, doive inéluctablement se produire. En effet, la pénurie de psychiatres, devenue extrême dans le secteur médico-social, au moment même où les pathologies s’alourdissent, la nécessité, pour le secteur sanitaire de raccourcir les séjours en passant plus rapidement au secteur de la chronicité et du handicap des patients de moins en moins stabilisés, tout cela fait obligatoirement évoluer nos pratiques. D’ailleurs, du seul intérêt des personnes, à la fois malades et handicapées, la possibilité d’allers et retours faciles et coordonnés d’un espace à l’autre constitue l’idéal à atteindre. Les équipes poursuivent leur route. Les éducateurs, les psychologues, les médecins, les infirmiers et rééducateurs se mobilisent face au risque morbide de repli institutionnel. Ainsi pour sortir de cette suite temporelle de lieux de prise en charge et de vie sans spécificité et sans complémentarité, nombre d’équipes se sont cependant déjà engagées dans une recherche de partenariats plus effectifs. Il s’agit à la fois de proposer un renforcement des appuis nécessaires à la vie et à la survie de ces personnes, souvent en situation très difficile, et d’éviter les ruptures dans leur parcours. Seule l’association de plusieurs collectifs peut en effet permettre de faire face à ce danger et aussi d’éviter la menace d’épuisement voire de rejet par les équipes. A ces dimensions de continuité des soins, de parcours de vie, de partage inter-institutionnel nous avons souhaité associer celle d’inclusion sociale qui reste le support d’une interrogation sur le sens de la vie de tout sujet adulte ou enfant nécessitant un accompagnement médico-psycho-éducatif au long cours. Par les témoignages à recueillir sur de telles pratiques, associant des espaces de soins, d’accompagnement et de vie variés, dans des lieux divers et à différentes étapes du parcours des enfants, des écoliers, des patients, des résidents, dont nous avons la charge, nous tenterons de comprendre quelles sont les mesures opérantes. À partir de ce qui est encore trop souvent une exception, nous nous efforcerons de tracer une perspective d’avenir de ces liaisons interinstitutionnelles qui permettent d’enrichir la vie de ceux que nous accompagnons, grâce à l’éventail des points d’appuis ainsi proposés. Qui dit éventail dit espaces sociaux et intrapsychiques étroitement reliés : comment la question des mécanismes de défense, tels que le clivage, l’identification projective, l’idéalisation, se travaille pour que l’élaboration clinique se trouve soutenue et que la dimension du portage (l’aspect phorique) d’un projet individualisé soit renforcée ? Nous interrogerons les notions de passage et de partenariat entre les différentes institutions qu’elles soient soignantes, médico-sociales, sociales ou scolaires, culturelles, d’apprentissage ou d’activité professionnelle, mais aussi au sein du même établissement. Bien plus que la désinstitutionalisation, c’est la coopération et la souplesse de fonctionnement entre les équipes qui est à promouvoir, pour que les sujets pris en charge ne le soient pas dans des cadres trop contraignants, morcelés, iatrogènes. Les préconisations du travail en réseau ne peuvent se résumer à une incantation reposant sur les bonnes volontés, mais elles impliquent des moyens, tant en terme de réflexion, que de mise en pratique des accompagnements auprès de sujets souvent très fragilisés. C’est cette réflexion qui nous permettra de rester créatifs ! Georges Lançon Roger Salbreux Jean François Coste

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