Communiqué d’hommage à Olivier Labouret pour la lettre mensuelle et la liste Local d’Attac France

Olivier Labouret est décédé le 28 juillet 2017 des suites d’une chute accidentelle dans les Pyrénées. Grand alpiniste comme le décrit le club alpin, il était aussi un fidèle adhérent d’Attac France depuis des années. Au titre notamment de secrétaire du comité local du Gers (Auch) et de participant aux universités d’été. Membre du Conseil scientifique, il a exprimé dernièrement sa volonté de participer à sa refondation. Olivier Labouret, médecin psychiatre, a été président de l’Union syndicale de la psychiatrie. Il a publié des essais et collaboré à un livre collectif, ses travaux portant sur la dérive libérale-sécuritaire dans ce secteur, dans l’esprit de l’Appel des appels. Il a ainsi apporté une précieuse contribution sur les relations, méconnues, entre politiques socio-économiques et sanitaires, et sur leurs répercussions dans la société. Un ouvrage posthume, L’explosion de la violence (présenté ci-après) paraît en ce mois de septembre. Nous saluons l’humanisme de notre camarade qui était un lanceur d’alerte dans son secteur, et invitons à lire ou à relire ses analyses. La psychiatrie comme service public non inféodé et solidaire perd l’un de ses meilleurs défenseurs. Nos condoléances les plus attristées vont à sa famille, à ses trois enfants et à son entourage.
L’explosion de la violence (Editions Yves Michel, 2017) http://www.yvesmichel.org/product-page/livres-a-paraitre/explosion-de-violence-l/ Le psychiatre Olivier Labouret nous livre un essai psycho-politique original et accessible pour comprendre les ressorts de la violence contemporaine. La montée de la violence dans nos sociétés semble inexorable : aggravation des inégalités et de la compétition socio-professionnelle, contrôle sécuritaire et technologique accru des populations, progression des idéologies les plus intolérantes, passages à l’acte agressifs envers soi-même ou autrui, crimes de masse et attentats djihadistes… Dans l’analyse de ces évènements dramatiques, la violence est systématiquement renvoyée vers la seule responsabilité des individus, alors même qu’elle obéit à des ressorts sociaux et systémiques. La hausse critique de cette violence, en ce début de XXIème siècle, n’est pas analysée pour elle-même en termes anthropologiques et historiques, comme nous y invite René Girard, mais est reléguée dans le champ individuel, voire psychologique. On assiste en effet à un phénomène général de psychiatrisation de la violence attribuant tout conflit au mental individuel. Est-ce à croire que ce phénomène serait détaché de toute réalité sociale ? Pourquoi est-ce l’individu, alors qu’il subit des formes de violence intenses et variées, qui pète toujours les plombs ? Pourquoi toute la violence se concentre-t-elle, se résout-elle, dans un passage à l’acte ? L’auteur nous interroge sur les racines de cette violence : comment et pourquoi les explosions de violence individuelle, notamment à travers leur interprétation psychiatrique, traduisent-elles une violence plus globale qui se trouve être niée au passage ?

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