Solidarité avec Emmy Koutsopoulou, psychiatre grecque, syndicaliste

Première publication en français le 8 octobre 2017
par Collectif français de soutien à Emmy Koutsopoulou

Emmy Koutsopoulou, psychiatre grecque, addictologue, syndicaliste, à été relevée de ses fonctions par sa direction de manière illégale. Cette décision est un acte de répression politique et syndicale. En France, nous enregistrons des cas similaires. En signant cette lettre de pétition nous exprimons notre désaccord avec ces procédés et avec les motivations politiques qu’ils expriment.

Mise à jour du 29 octobre 2018:
Une très large campagne de soutien pendant les années 2017 et 2018, notamment portée par les solidaires français, avec des actions comme la visite directe de syndicalistes de la CGT à la direction d’OKANA, l’envoie de dizaines de cartes-lettres signées et le collage d’affiches autour du bâtiment du siège de cet organisme à Athènes, en Grèce, la situation de notre camarade Emmy n’a pas évolué depuis la première publication de ce texte.

Une démarche a été entreprise par l’intéressée auprès de la justice administrative grecque car la procédure dont elle a été l’objet est totalement illégale. Toutefois la lenteur de la justice administrative grecque joue systématiquement en faveur des directions qui souvent n’hésitent pas de risquer des condamnations qui, de toute manière, ne les affectent pas directement.

En attendant le poste de responsable, occupé par Emmy avant sa « mise au placard » reste vacant, au détriment de la qualité des soins aux personnes dépendantes.
Il pourrait éventuellement être pourvu par un médecin avec un « contrat d’œuvre » (statut d’auto-entrepreneur) conformément à la logique néolibérale appliquée dans la Santé par les gouvernements grecs depuis maintenant plusieurs années.
Emmy Koutsopoulou, psychiatre grecque, syndicaliste, responsable de l’unité d’addictologie à l’hôpital oncologique d’Athènes « Aghios Savvas », à été relevée de ses fonctions par la direction de l’organisme grec de lutte contre la drogue – OKANA.
Cette décision de la direction a été perpétrée en dépit de toute déontologie administrative et de toute légalité. Elle lui a été communiquée par fax le lendemain de son départ en congé annuel, annoncé bien en avance, pour la priver du droit de réponse et des recours légaux.

Emmy Koutsopoulou est membre du comité scientifique du syndicat des salariés de l’organisme grec de lutte contre la drogue – OKANA.
En Grèce, les problèmes liées à la toxicomanie et à la séropositivité au VIH ont explosé depuis 2010, à cause des politiques d’austérité imposées par le FMI, la Commission Européenne et la BCE. Les services de soins, débordés à cause du sous-financement, ne sont pas en mesure de soulager la galère des patient-e-s grec-que-s.
En sa qualité de syndicaliste elle a dénoncé les manœuvres de la direction dont le but est d’étendre et d’amplifier les dispositifs de privatisation larvée du service : recours généralisé aux contrats d’œuvre et aux CDD et délégation des missions à la médecine libérale.

Elle s’est également opposée à la fermeture d’unités de soins d’addictologie de la banlieue du Pirée (Nikaia) là où justement il existe les problèmes les plus aigus.
Emmy Koutsopoulou est également fortement impliquée dans le mouvement de solidarité envers les réfugiés et dans le mouvement de soins auto-organisés offerts aux citoyen-ne-s les plus démunis.

Les reproches de la direction d’OKANA à son égard sont fabriqués de toutes pièces.
Le syndicat des salarié-e-s d’OKANA a déposé une plainte devant la justice administrative grecque et il est le plus probable que la direction d’OKANA sera condamnée. Sauf que le temps judiciaire est long et que la procédure risque de durer des années.

Les décisions administratives prises à son encontre relèvent du domaine de la répression politique, syndicale et professionnelle.
Elles sont l’expression d’une politique qui tend à se généraliser aujourd’hui en Europe, à laquelle nous avons le devoir de résister.
Elles sont aussi l’expression d’un mode de gestion administrative scélérate, que des technocrates et des bureaucrates acquis au néolibéralisme (de droite et de gauche) appliquent dans les secteurs public et associatif, pour briser l’indépendance professionnelle des soignants et toute velléité de résistance.

Dans le cadre de notre travail syndical dans le champ de la Santé, nous recevons en France plusieurs témoignages similaires au sujet de la répression à l’égard des syndicalistes et des militants, dans les services publics et les associations. Nous en sommes consternés et nous faisons de notre mieux pour riposter. La complexité apparente de certains cas nécessite un travail de vérification qui parfois rallonge notre temps de réaction. La situation est en train de s’aggraver suite à l’application des ordonnances Macron, notamment de la fusion des instances représentatives du personnel et de la suppression du CHSCT.

En signant cette lettre de pétition et en l’adressant à la direction d’OKANA nous exprimons avec force notre désaccord radical avec les procédés utilisés à l’encontre d’Emmy Koutsopoulou et avec les motivations politiques que de tels procédés expriment.

Vous pouvez signer la pétition en ligne, ou bien imprimer la carte-lettre et l’envoyer par la poste à la direction d’OKANA.

Voici la pétition publiée sur Change_org
https://www.change.org/p/okana-emmy-koutsopoulou-doit-être-réintégrée-dans-ses-fonctions
Regardez aussi la vidéo :

« Un entretien avec Emmy Koutsopoulou » sur la chaîne Youtube de © Eirini Stavrakopoulou

Pour le Collectif de soutien à Emmy
Emmanuel (Manolis) Kosadinos, psychiatre
Syndicaliste de l’Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)
Membre du CA de l’Association Internationale pour les Politiques de santé en Europe (IAHPE)