Un beau discours présidentiel qui laisse pourtant des problèmes majeurs sans réponse

Communiqué inter-collectifs

Les signataires prennent acte des annonces du président de la République lors de la clôture des assises
de la santé mentale et de la psychiatrie le 28 septembre 2021. Ils saluent le fait que l’attention du
plus haut sommet de l’Etat ait été portée sur les graves difficultés que connait cette discipline depuis
plusieurs années, gravité d’une situation sur laquelle ils n’ont cessé d’alerter au point de la déclarer
« urgence républicaine » dès septembre 2018.

A cette occasion, la pertinence de la politique de secteur mise en œuvre dans notre pays depuis
soixante ans a été réaffirmée sans aucune ambiguïté par le Président. Des orientations très positives
ont été également confirmées (coordination des PTSM, déploiement des MDA et d’une offre de
psychiatrie en périnatalité, soutien aux SAS en psychiatrie et aux soins somatiques, l’augmentation
(très limitée) des places d’AFT, ..).

Pour autant les signataires resteront vigilants à ce que les travaux en cours sur le financement de la
psychiatrie et ceux sur le régime des autorisations s’inscrivent clairement dans la déclinaison
opérationnelle de cette déclaration présidentielle qui ne peut s’accommoder d’une fragmentation du
soin et l’oubli des nécessités territoriales de proximité et de continuité des prises en charge. Par
ailleurs, le financement de la recherche ne peut ignorer à ce point les travaux de la Coordination
nationale des dispositifs de recherche en psychiatrie et santé mentale qui fédèrent l’ensemble des
acteurs concernés depuis 2017.

Ils veulent dire aussi leur grande inquiétude devant la persistance de graves problèmes de fond
auxquels aucune réponse forte n’a été apportée pour une discipline déjà qualifiée à juste titre de
sinistrée par la ministre de la Santé précédente et qui n’a rien à attendre de voir noyer ses difficultés
dans le champ sans limite de la santé mentale.

Car à l’évidence, pour ce qui concerne la psychiatrie, la mesure de la crise démographique sans
précèdent des personnels, notamment médicaux et de ses raisons profondes est loin d’avoir été prise
en compte : la problématique de l’attractivité de la discipline reste entière malgré l’annonce de
mesures largement insuffisantes pour y répondre. Ainsi, le renforcement des équipes des CMP, qui
sera très faible en fin de compte sur le terrain, trouvera bien vite ses limites devant les difficultés de
ces structures à pourvoir des postes déjà bien souvent non occupés.

Tout se passe comme si l’impact de la complexité de l’application de l’article 84 et ses conséquences
délétères en termes d’injonctions paradoxales, de surcharge de travail et de départ de professionnels,
la question essentielle des soins sans consentement et l’augmentation des mesures de contention et
d’isolement avaient été passés sous silence alors qu’il s’agit de préoccupations majeures dans la
réalité quotidienne des patients, de leurs proches et des professionnels. Il en est de même des débats
sur l’irresponsabilité pénale et du devenir des patients qui en relèvent, ainsi que les situations
cliniques complexes auxquelles sont très souvent confrontées les équipes de secteur, dont celles
exerçant notamment en milieu carcéral. La proposition de remboursement de consultation de
psychologie, dont le montage reste encore à définir, pourrait être saluée si elle s’accompagnait d’une
juste reconnaissance, notamment salariale, des psychologues en milieu hospitalier.

Enfin, les signataires insistent sur la nécessité de prendre en compte la perte de sens profonde que
vivent aujourd’hui les acteurs de la psychiatrie dans notre pays, perte de sens que sous-tend au-delà
des questions de moyens, la situation gravissime de cette discipline et que vient traduire une
désaffection sans précèdent des internes.


Blandine BARUT, Présidente de l’Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire (ASPMP)
Marie-José CORTES, Présidente du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH)
Claude FINKELSTEIN, Présidente de la Fédération Nationale des Associations d’usagers en Psychiatrie (FNAPSY)
Claude GERNEZ, Président de la Fédération Française de la Psychiatrie (Fédépsychiatrie)
Delphine GLACHANT, Présidente de l’Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)
Thierry GODEAU, Président de la Conférence nationale des Présidents de Commissions Médicales d’Etablissement de
Centres Hospitaliers
Gladys MONDIERE, Présidente de la Fédération Française des Psychologues et de Psychologie (FFPP)
Christian MÜLLER, Président de la Conférence nationale des Présidents de Commissions Médicales d’Etablissement de
Centres Hospitaliers Spécialisés
Pascal MARIOTTI, Président de l’Association des Etablissements du service public de Santé Mentale (AdESM)
Annick PERRIN-NIQUET, Présidente du Comité d’Etudes des Formations Infirmières et des Pratiques en Psychiatrie
(CEFI-Psy)
Marie-Noëlle PETIT, Présidente de l’Association Nationale des Psychiatres Présidents et Vice-Présidents de Commissions Médicales d’Etablissements des Centres Hospitaliers (ANPCME)
Norbert SKURNIK, Président de l’Intersyndicale de la Défense de la Psychiatrie Publique (IDEPP)
Michel TRIANTAFYLLOU, Président du Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP)

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