L’USP, un demi siècle d’histoire

1. Le syndicat des psychiatres en formation

Dans la suite de mai 1968, qui a été marquée par la séparation de la neurologie et de la psychiatrie, les psychiatres en formation (qui n’étaient pas tous internes : on pouvait devenir spécialistes avec un cursus universitaire sans stages hospitaliers…) se sont regroupés en syndicat clairement à gauche, rassemblant de jeunes psychiatres qui remettent en cause l’enfermement psychiatrique et la Loi de 1938. L’action du Syndicat des psychiatres en formation repose sur la place des étudiants en psychiatrie dans l’élaboration des contenus de la formation de nouvelle psychiatrie. Le débat en son sein traite autant de la définition du rôle du psychiatre que la place de l’antipsychiatrie, de la psychanalyse, de la pensée de Michel Foucault et des débuts de la politique de secteur psychiatrique. Le but qui s’en dégage est de transformer l’asile psychiatrique et l’approche du soin psychique. Dès cette période, le débat s’alimente de la double expérience des pratiques de psychothérapie institutionnelles et de la dés-institutionnalisation de Franco Basaglia en Italie qui préfigurent un syndicat de la psychiatrie. Considéré avec un mélange d’agressivité et de bienveillance amusée par les ainés, il a reçu le soutien  de célébrités comme Lebovici ou Henri Ey. Celui-ci, invité par le syndicat à son premier congrès, a commencé son intervention ainsi : « Je souhaite m’inscrire au syndicat des psychiatres en formation car lorsque l’on est psychiatre, on est toujours en formation ». Formule toujours d’actualité.

2. Le syndicat de la psychiatrie

Dans les années 1970, la question s’est vite posée : une fois la formation terminée, s’est posé son dépassement entre devenir le Syndicat de la psychiatrie ou rejoindre le Syndicat des psychiatres des hôpitaux qui a été le choix d’une minorité. Le syndicat de la psychiatrie milite pour une psychiatrie et non les psychiatres, sur le modèle du syndicat de la magistrature axé sur une politique de justice soucieuse de l’ensemble des citoyens. Faisant partie de l’Union syndicale de la médecine en association avec le Syndicat de la médecine générale – entre autres -, l’USP défend de nouvelles pratiques institutionnelles, les droits humains des malades et la suppression de la loi de 1838 et de l’asile. 1981 est le moment de soutien de Jacques Ralite à Sotteville-lès-Rouen qui prône une politique de sortie de la psychiatrie asilaire, puis au Rapport Demay de 1982 qui en établit les contenus.

3. L’union syndicale de la psychiatrie

Dans les années 1990, un syndicat d’internes, le CNIAIP se rapproche du Syndicat de la psychiatrie et la fusion donne naissance à l’Union syndicale de la psychiatrie lors d’un congrès à Lyon.  Bruno Gravier est le premier président. Tout en restant proche du syndicat de la médecine générale et de sa revue Pratiques, l’USP développe de nombreux partenariats avec des associations et des collectifs proposant des alternatives à la société néolibérale. L’USP mène une action victorieuse de reconnaissance de statuts de praticiens à temps partiels, et adhère au CASP qui fédère des syndicats de psychiatres publics et privés. Elle s’oppose aux lois d’internement sans rejeter toute judiciarisation. Elle se distingue des autres syndicats de psychiatres par sa gouvernance avec un(e) président(e) élu pour 3 ans qui ne peut être reconduit. Sa dimension clinique est sa participation à Pratiques de la folie et politique des pratiques avec le CEDEP sur le plan européen. Le socle idéologique est fondé sur l’importance du champ politique pour notre discipline, le lien avec les sciences humaines, l’importance de la psychopathologie. Ses membres ont des convictions politiques variées, ce qui en fait une organisation où les débats ont une place importante et où la tradition a toujours respecté un dissensus courtois.

Sa constance a été de militer pour une autre psychiatrie, en particulier dans son opposition à la Loi sarkozyste de 5 juillet 2011 et les différents textes contre la récidive et la rétention de sûreté, en lien étroit avec entre-autres le Syndicat de la magistrature et des associations de patients.